mardi 10 novembre 2020

INTERVIEW

 Interview

 Entrevue en français, mais comme interview « colle » avec la lettre « i »…

« Une interview est une entrevue au cours de laquelle un journaliste interroge une personne dans l’intention de publier une relation de l’entretien », nous dit le Larousse. Je ne suis pas journaliste, mais pour enquêter sur l’histoire de ma ville : Boucau, j’ai pris mon dictaphone et je suis allé rencontrer des « vieux boucalais » pour recueillir leurs témoignages.

J’ai fait le choix de vous parler d’une entrevue que j’ai eu en 1995 avec Monsieur Rosolin (peintre). Cette interview m’a permis d’enquêter sur l’Apollo[1], la salle de cinéma emblématique de Boucau. Mais aussi sur un aspect méconnue du cinéma d’avant-guerre et d’après-guerre : les peintres d’affiches de cinéma.

Monsieur Rosolin m’a parlé de sa jeunesse et de son apprentissage de peintre qu’il a fait chez monsieur Ziko et des décors qu’il a peint avec lui à l’Apollo et dans d’autres cinémas de la Côte Basque.

Extrait de mon livre Boucau et Tarnos en images Alan Sutton 2002

Monsieur Rosolin :
« J’ai connu Ziko quand je suis allé apprendre chez lui, j’étais apprenti…»
« Les premiers décors que j’ai fait c’était pour Mr Darrière[2], pour les soirées de prisonniers. J’avais fait tout l’embarquement près de Dunkerque dans une petite ville. J’ai fait toute la plage avec les déchets et puis de l’autre côté j’ai fait les prisonniers derrière les fils barbelés » 
Tout cela sur deux grands panneaux disposés à droite et à gauche de la scène.
« Et après avec Ziko on a fait tout le fond, il y avait tout un galop avec des chevaux, des têtes de chevaux, c’était magnifique » me dit-il.
Il m’explique ensuite que Ziko était le peintre des panneaux de cinéma, car à l’époque, on installait de vrais décors en bois pour chaque film sur la façade des cinémas.
« On faisait les panneaux de cinéma à l’extérieur, au théâtre de Bayonne pour Robin des Bois, par exemple il y avait Errol Flyn en grand dessiné …. Je faisais toutes les têtes au pistolet à bouche, et on arrivait à faire des têtes d’une ressemblance formidable. J’ai appris avec lui, il fallait avoir le coup et le dessin … Ziko le faisait à Biarritz : au Colisée, au Lutetia et au Royal, il faisait également tous les décors du Casino … »
Je lui posais la question : C’était quoi ce pistolet à bouche
« C’était un godet qui était fourni avec un tuyau, ce tuyau descendait dans le godet et par l’autre bout on soufflait car il y avait un petit trou dans le tuyau pour disperser la peinture comme un petit pistolet…. Il fallait avoir de la gorge… »
« … moi le dernier décor auquel j’ai participé c’était « L’aigle à deux têtes » avec Edwige Feuillère et Jean Marais… »

Dimitri Ziko à la fin de sa vie

En cherchant j’ai trouvé que Dimitri ZIKO était né à Tirana en Albanie vers 1904 et qu’il était mort à Biarritz le 19/4/1955, âgé de 51 ans. Dans un article de journal la Gazette de Biarritz, Bayonne et Saint-Jean-de-Luz on apprend qu’il était chef décorateur de la société des cinémas de la Côte Basque.

 Sources:

Entrevue avec Mr Rossolin en août 1995

Journaux : Gazette de Biarritz, Bayonne et St Jean de Luz (18/6/1938)
Internet : Article sur Dimiti Ziko dans le site du Albanian Canadian Portal (article en albanais)

 



[1] Le complexe Paul Vaillant Couturier a été inauguré en 1938, il était composé d’une salle de cinéma spectacle, d’une salle des fêtes et d’une bibliothèque. Le cinéma fut baptisé « Apollo » par son premier gérant Mr Dorfman, c’est pour cela que le complexe a gardé, pour la population, le nom d’Apollo.

[2]  Ferdinand Darrière, instituteur à l’école des garçons de Tarnos-Forges est connu pour avoir créé à Boucau en 1937 une chorale : « Les chanteurs de l’Adour », mais aussi d’avoir réalisé sur la scène de l’Apollo,  deux revues boucalaises. En 1936 « Bonjour Boucau » et en 1949 « Toujours Boucau ».

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