Interview
« Une
interview est une entrevue au cours de laquelle un journaliste interroge une
personne dans l’intention de publier une relation de l’entretien », nous dit le
Larousse. Je ne suis pas journaliste, mais pour enquêter sur l’histoire de ma
ville : Boucau, j’ai pris mon dictaphone et je suis allé rencontrer des « vieux
boucalais » pour recueillir leurs témoignages.
J’ai fait le choix de vous parler d’une
entrevue que j’ai eu en 1995 avec Monsieur Rosolin (peintre). Cette interview m’a
permis d’enquêter sur l’Apollo[1], la salle de cinéma
emblématique de Boucau. Mais aussi sur un aspect méconnue du cinéma d’avant-guerre
et d’après-guerre : les peintres d’affiches de cinéma.
Monsieur Rosolin m’a parlé de sa jeunesse
et de son apprentissage de peintre qu’il a fait chez monsieur Ziko et des
décors qu’il a peint avec lui à l’Apollo et dans d’autres cinémas de la Côte
Basque.
Extrait de mon livre Boucau et Tarnos en images Alan Sutton 2002 |
« J’ai connu Ziko quand je suis allé apprendre chez lui, j’étais apprenti…»
« Les premiers décors que j’ai fait c’était pour Mr Darrière[2], pour les soirées de prisonniers. J’avais fait tout l’embarquement près de Dunkerque dans une petite ville. J’ai fait toute la plage avec les déchets et puis de l’autre côté j’ai fait les prisonniers derrière les fils barbelés »
Tout cela sur deux grands panneaux disposés à droite et à gauche de la scène.
« Et après avec Ziko on a fait tout le fond, il y avait tout un galop avec des chevaux, des têtes de chevaux, c’était magnifique » me dit-il.
« On faisait les panneaux de cinéma à l’extérieur, au théâtre de Bayonne pour Robin des Bois, par exemple il y avait Errol Flyn en grand dessiné …. Je faisais toutes les têtes au pistolet à bouche, et on arrivait à faire des têtes d’une ressemblance formidable. J’ai appris avec lui, il fallait avoir le coup et le dessin … Ziko le faisait à Biarritz : au Colisée, au Lutetia et au Royal, il faisait également tous les décors du Casino … »
Je lui posais la question : C’était quoi ce pistolet à bouche
« C’était un godet qui était fourni avec un tuyau, ce tuyau descendait dans le godet et par l’autre bout on soufflait car il y avait un petit trou dans le tuyau pour disperser la peinture comme un petit pistolet…. Il fallait avoir de la gorge… »
« … moi le dernier décor auquel j’ai participé c’était « L’aigle à deux têtes » avec Edwige Feuillère et Jean Marais… »
Dimitri Ziko à la fin de sa vie |
En cherchant j’ai trouvé que Dimitri ZIKO était né à Tirana en Albanie vers 1904 et qu’il était mort à Biarritz le 19/4/1955, âgé de 51 ans. Dans un article de journal la Gazette de Biarritz, Bayonne et Saint-Jean-de-Luz on apprend qu’il était chef décorateur de la société des cinémas de la Côte Basque.
[1] Le
complexe Paul Vaillant Couturier a été inauguré en 1938, il était composé d’une
salle de cinéma spectacle, d’une salle des fêtes et d’une bibliothèque. Le
cinéma fut baptisé « Apollo » par son premier gérant Mr Dorfman, c’est
pour cela que le complexe a gardé, pour la population, le nom d’Apollo.
[2] Ferdinand Darrière, instituteur à l’école des
garçons de Tarnos-Forges est connu pour avoir créé à Boucau en 1937 une chorale :
« Les chanteurs de l’Adour », mais aussi d’avoir réalisé sur la scène
de l’Apollo, deux revues boucalaises. En
1936 « Bonjour Boucau » et en 1949 « Toujours Boucau ».
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