vendredi 23 novembre 2018

T comme TASTET


Dans le cadre du #ChallengeAZ2018 je vais vous parler de la maison "Tastet" à Misson (40) qui est le berceau mes ancêtres paternels: les CAZAUX

En septembre 1982 mes recherches généalogiques étaient bien avancées. Je décidais d'emmener ma famille (mon père, ma mère et ma sœur cadette) visiter Misson, la ville d'où est originaire mon ancêtre le plus ancien : Jean petit de CAZAUX. Son surnom devait être dû à sa petite taille, cette caractéristique que l'on retrouve chez Vincent Evariste CAZAUX, 150 ans plus tard (il mesure 1m56). Misson est une petite bourgade coincée entre Habas et le chef-lieu de canton, Pouillon. Grâce à mes recherches dans les actes notariés et dans les BMS j'ai établi que mes ancêtres vivaient dans la ferme du Tastet située à l'écart du bourg.

La ferme du Tastet en 1982

Nous arrivons devant la ferme et par une chance, qui ne sourit qu'aux audacieux, une voiture se trouve garée devant, ce qui indique qu'elle est habitée. Le propriétaire se porte devant nous et aussitôt je lui explique mon propos. Nous sommes des descendants des anciens propriétaires de cette bâtisse et nous désirions voir cette maison. C'est un architecte parisien qui a rénové avec goût cette ancienne ferme. Je lui propose de visiter la ferme avec l'inventaire que Jeanne Marie POLONY mon ancêtre avait fait réaliser le 22 brumaire an 13 (13/11/1804). 
Aussi étonnant que cela puisse paraître les différentes pièces existent encore, certaines ont changé d'usage.

« … Vers 8 heures du matin en la commune de Misson, maison du Tastet devant nous Guillaume Moncaup notaire à l'arrondissement de justice de paix de Pouillon … a comparu … ladite Jeanne Marie POLONY tutrice et curatrice de ses enfants et biens d'avec feu Jean CAZAUX que la loy lui fait un devoir de constater en sa présence des meubles et effets délaissés par ce dernier … »
Nous entrons dans la cuisine (qui a toujours cet usage)

« … nous a introduit dans la cuisine de ladite maison ou nous avons trouvé une paire de chenets, une barre et pinces le tout en fer … » C'est le seul endroit de la maison où il y a une cheminée. Suit le listing des appareils servant pour la cuisine : poêles à frire, tourtière, casseroles, cafetière de cuivre rouge, deux tamis, 16 assiettes, 6 plats, deux grils, une lèchefrite, un pot en fonte. Du mobilier : trois tables avec un banc en fer, 36 chaises et deux fauteuils paillés, plus un vaisselier de coral (couleur rouge)

La visite se poursuit avec deux chambres qui sont située à la suite de la cuisine. La première comprend un lit composé de bourrasse (étoupe de chanvre de la plus basse qualité), traversin garni de plume, matelas garni de laine, une contrepointe (couverture de lit piquée des deux côtés) d'indienne (toile de coton imprimée), et pour finir un vieux cabinet de bois de coral à deux portes avec serrure (armoire à linge). La seconde chambre qui suit sur l’arrière comprend un lit composé de son châlit, une paillasse double, une couette et traversin garni de plumes, deux matelas garnis de laine, le tout de sempiterne (étoffe de laine croisée), les rideaux et la contrepointe de colonelle, plus un petit coffre et une commode.
Plan de la maison du Tastet d'après l'inventaire de l'an 13

Deux autres chambres sont situées sur le côté du midi, dans la deuxième on trouve dans un coffre, 3 paires de linceuls d'étoupe, deux paires de linceuls de lin, 12 serviettes, 12 essuies mains, 6 nappes.

Le « sou » ou "sol" de la maison est la grange autour de laquelle sont agencées les chambres et la cuisine, elle comprend essentiellement le matériel agricole ainsi que des restes de la récolte de l'an 11 (48 mesures de froment) ainsi que du vin : 12 barriques et 36 bouteilles de la vendange de l'an 12.

Le matériel comprend également deux charrettes ferrées, une herse.
Il y a bien sûr les animaux : une paire de bœufs, un cheval avec sa selle et sa bride, un cochon, trois mères oies, un jar et 6 jeunes oies.

Voilà pour l'inventaire, le propriétaire était ravi. 

Le sou a été transformé en salon salle à manger, la cuisine est …. la cuisine. Certaines autres pièces ont gardé leur destination originelle, une a été transformée en salle de bain.
Photo récupérée sur Google Earth en 2018 
(Le propriétaire à toujours une 4L j'espère que ce n'est pas la même)

Cette visite était très émouvante surtout quand on a vu sur la porte d'entrée de la cuisine la date de 1680 gravée sur le frontispice.
Les inventaires après décès sont à chercher et décortiquer pour en tirer toute la substantifique moelle. Ici j'apprends que mes ancêtres fabriquaient du vin, (je l'ignorais) il devait donc y avoir des parcelles de vigne. Il est vrai que Pouillon n'était pas loin et que le vin de son terroir était réputé dans toutes les Landes et jusqu'à Bayonne.

Ouvrage consulté : Dictionnaire du monde rural de Marcel Lachiver




2 commentaires:

  1. Quelle chance et quelle expérience incroyable, je vous envie ! J'ai également plusieurs inventaires après décès, ce sont des documents formidables, mais pouvoir ainsi pénétrer dans les murs ça a dû être fantastique !

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  2. Je rejoins Christelle! Quelle chance de pouvoir visiter les maisons de nos ancêtres! J'ai pu en visiter mais malheureusement en mauvais état voire en ruine :/

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