mercredi 21 novembre 2018

R comme Reconversion


Dans le cadre du #ChallengeAZ2018 voici mon nouvel article R comme Reconversion. A 40 ans mon père, qui travaillait dans la sidérurgie, s'est reconverti pour pouvoir intégrer une nouvelle usine.

Mon père est rentré 14/9/1939 aux Forges de l'Adour. Je vais parler de cette usine implantée à Boucau-Tarnos dans l'article U comme Usine. Cette usine sidérurgique fonctionna jusqu'au 5/7/1965, date de sa fermeture définitive. 
Mon père aux Forges de l'Adour

Une nouvelle zone industrielle fut construite, essentiellement sur Tarnos. Il fallait reconvertir environ 2000 ouvriers et de nombreuses activités furent créées. Une usine Turbomeca (constructeur de turbines aéronautiques) s'installa générant à elle seule presque 1500 ouvriers.
Documentation personnelle

Mon père travaillait au laboratoire, il pouvait être reconverti dans l'usine Turbomeca, à la condition qu'il apprenne un nouveau métier ; celui de tourneur. Voilà mon père, comme 230 de ses camarades, retournant à l'école à 40 ans. J'avais 11 ans et j'allais rentrer en 6ème et tous les soirs on se retrouvait, mon père et moi, à faire des devoirs avant de dîner, on avait dû m'expliquer à l'époque, mais sur le moment je n'ai pas réalisé ce qu'il se passait. Mon père continuait après que nous étions couchés, car ce n'était pas facile (je m'en rends compte maintenant que j'ai les cours et les exercices sous les yeux). 


Au bout de 6 mois mon père obtint son CAP de tourneur, qui était son sésame pour rentrer à Turbomeca. J'ai retrouvé les dates extrêmes des cours, car les dessins industriels qu'il faisait étaient tous datés. Le premier est d'avril 1964 et le dernier de septembre 1964. 

Ce qui correspond pour moi à la fin du CM2 et à l’entrée en sixième.
Ensuite, pendant une année il partit la semaine pour Bordes (à côté de Pau) où était située l'usine Turbomeca, pour apprendre son métier.
L'usine Turbomeca de Tarnos fut inaugurée le 14/5/1965 par Olivier Guichard, alors délégué à l'aménagement du territoire.

Le nouveau salaire de mon père était sans commune mesure avec celui des Forges. Ouvrier spécialisé aux Forges à 500 francs par mois il a doublé son salaire. Plus tard il a gravi les échelons des ouvriers professionnels. La différence s'est fait ressentir dans le train de vie familial. Nous n'avions pas grand-chose. Et là comme par magie j'ai vu arriver en l'espace d'un an et demi : le réfrigérateur, la machine à laver le linge et comble du luxe une télévision (noir et blanc) qui m'a permis de voir les épisodes sensationnels à l'époque de Belphégor, Thierry la Fronde, l'Homme du Picardie, l'Espagnol et d'autres. Et bien sûr l'évènement que je n'oublierai pas (j'avais 15 ans) l'arrivée de l'homme sur la Lune.
En rangeant les papiers de mon père je suis tombé sur ses devoirs et ses cours. Le centre de Formation Professionnelle des Adultes, dépendant du ministère du Travail, dispensait les cours pour les adultes au centre du "Bridon" à Bayonne (côte de Laharie). 

Pour son CAP de tourneur, mon père a appris le dessin industriel. D'après ses notes il était très méticuleux : 16,5/20 ; 17,5/20 ; 15,5/20 ; 18/20 etc.. Tous ces devoirs ont été réalisés entre mai et septembre 1964.

Dans le même dossier j'ai trouvé des documents concernant son nouvel employeur Turbomeca.
Cette zone industrielle a compté pas loin d'une dizaine d'usines de plus ou moins grande capacité, elle existe encore et j'habite, en bordure, pas loin de l'usine Turbomeca, devenue SAFRAN maintenant.




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