Dans le cadre du #ChallengeAZ2018 voici mon nouvel article R comme Reconversion. A 40 ans mon père, qui travaillait dans la sidérurgie, s'est reconverti pour pouvoir intégrer une nouvelle usine.
Mon père est rentré 14/9/1939 aux Forges
de l'Adour. Je vais parler de cette usine implantée à Boucau-Tarnos dans
l'article U comme Usine. Cette usine sidérurgique fonctionna jusqu'au 5/7/1965,
date de sa fermeture définitive.
Mon père aux Forges de l'Adour
Une nouvelle zone industrielle fut construite,
essentiellement sur Tarnos. Il fallait reconvertir environ 2000 ouvriers et de
nombreuses activités furent créées. Une usine Turbomeca (constructeur de
turbines aéronautiques) s'installa générant à elle seule presque 1500 ouvriers.
Documentation personnelle
Mon père travaillait au laboratoire, il
pouvait être reconverti dans l'usine Turbomeca, à la condition qu'il apprenne
un nouveau métier ; celui de tourneur. Voilà mon père, comme 230 de ses
camarades, retournant à l'école à 40 ans. J'avais 11 ans et j'allais rentrer en
6ème et tous les soirs on se retrouvait, mon père et moi, à faire des devoirs
avant de dîner, on avait dû m'expliquer à l'époque, mais sur le moment je n'ai
pas réalisé ce qu'il se passait. Mon père continuait après que nous étions
couchés, car ce n'était pas facile (je m'en rends compte maintenant que j'ai
les cours et les exercices sous les yeux).
Au bout de 6 mois mon père obtint
son CAP de tourneur, qui était son sésame pour rentrer à Turbomeca. J'ai
retrouvé les dates extrêmes des cours, car les dessins industriels qu'il
faisait étaient tous datés. Le premier est d'avril 1964 et le dernier de
septembre 1964.
Ce qui correspond pour moi à la fin du CM2 et à l’entrée en
sixième.
Ensuite, pendant une année il partit la
semaine pour Bordes (à côté de Pau) où était située l'usine Turbomeca, pour
apprendre son métier.
L'usine Turbomeca de Tarnos fut inaugurée
le 14/5/1965 par Olivier Guichard, alors délégué à l'aménagement du territoire.
Le nouveau salaire de mon père était sans
commune mesure avec celui des Forges. Ouvrier spécialisé aux Forges à 500
francs par mois il a doublé son salaire. Plus tard il a gravi les échelons des
ouvriers professionnels. La différence s'est fait ressentir dans le train de
vie familial. Nous n'avions pas grand-chose. Et là comme par magie j'ai vu
arriver en l'espace d'un an et demi : le réfrigérateur, la machine à laver le
linge et comble du luxe une télévision (noir et blanc) qui m'a permis de voir
les épisodes sensationnels à l'époque de Belphégor, Thierry la Fronde, l'Homme
du Picardie, l'Espagnol et d'autres. Et bien sûr l'évènement que je n'oublierai
pas (j'avais 15 ans) l'arrivée de l'homme sur la Lune.
En rangeant les papiers de mon père je
suis tombé sur ses devoirs et ses cours. Le centre de Formation Professionnelle
des Adultes, dépendant du ministère du Travail, dispensait les cours pour les
adultes au centre du "Bridon" à Bayonne (côte de Laharie).
Pour son
CAP de tourneur, mon père a appris le dessin industriel. D'après ses notes il
était très méticuleux : 16,5/20 ; 17,5/20 ; 15,5/20 ; 18/20 etc.. Tous ces
devoirs ont été réalisés entre mai et septembre 1964.
Dans le même dossier j'ai trouvé des
documents concernant son nouvel employeur Turbomeca.
Cette zone industrielle a compté pas loin
d'une dizaine d'usines de plus ou moins grande capacité, elle existe encore et
j'habite, en bordure, pas loin de l'usine Turbomeca, devenue SAFRAN maintenant.
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