lundi 19 novembre 2018

P comme Prisonnier


#challengeAZ nouvel article P .... comme Prisonnier de guerre

Bernard Gustave DUPUY mon arrière-grand-père est né à Nérac le 3/3/1847. Il y a une trentaine d'années j'avais consulté son matricule aux Archives du Lot et Garonne à Agen. Outre les renseignements anthropométriques, il m'avait permis de savoir qu'il avait participé à la guerre de 1870 et qu'il avait été fait prisonnier en Allemagne du 3/9/1870 au 21/6/1871. Cette trouvaille allait à l'encontre de la tradition familiale qui voulait qu'il ait fait le siège de Paris et même mangé des chats et des rats car c'était la disette, nous verrons qu'il y a quand même une part de vérité.
Pour ma documentation j'ai eu la chance de retrouver un livre sur l'historique du régiment auquel il appartenait, le 31ème régiment d'infanterie.
Je ne vais pas vous raconter l'histoire de la guerre de 1870 car tel n'est pas mon propos. Je vais donc partir de la capitulation de Sedan le 2/9/1870. Le 31ème fait partie de l'armée dite de Chalons qui a été encerclée à Sedan.
Le 3/9/1870 le général Lebrun se met à la tête des prisonniers de son corps d'armée pour se rendre avec eux dans la presqu'ile d'Iges où ils vont être détenus en attendant leur départ vers des camps de prisonniers en Allemagne. C'est l'anarchie, il leur faudra 5 heures pour rejoindre cette presqu'ile qui portant n'était située qu'à 5 kilomètres.

Les troupes humiliées doivent défiler sans armes devant les Allemands.
Cette presqu'ile a été surnommée "le camp de la misère". Parqués sur la terre nue et détrempée, sans feu, sans paille, sans abri, les prisonniers sont laissés sans vivres jusqu'au 7/9. Dès le 5 les hommes n'ont plus de biscuits. Le 6 la situation devient lamentable, les chevaux sont abattus et les hommes mangent leur chair presque crue. C'est sans doute ce souvenir qui a été déformé par la famille. A partir du 7/9 de la nourriture est enfin distribuée.
Alors commence la formation de convois de prisonniers par groupes de 1100 à 2000 hommes et leur exode, en long calvaire, vers les camps d'Allemagne où ils seront internés.
Un certain nombre de sous-officiers et soldats, dont mon arrière-grand-père, ont été dirigés vers le camp de Wahn, près de Cologne où ils seront mal nourris et surveillés avec une extrême sévérité.
En fin le 21/6/1871 c'est la délivrance et Bernard Gustave est libéré avec ses camarades.
Il faudra attendre 1893 pour qu’une fédération des anciens combattants de 1870-1871 soit créée. Son unique but est de revendiquer auprès des pouvoirs publics la création d'une médaille commémorative. C'est chose faite en 1911 où les modalités d'obtention de cette médaille paraissent au JO du 29/9/1911.
Médaille commémorative de 1870-1871

Le dimanche 29/9/1912, le chef d'Escadron de CAZES et le Président de la section des vétérans de 1870-1871 remettent à Bernard Gustave DUPUY et à 15 autres vétérans de Boucau la médaille commémorative. Un entrefilet dans le journal local en témoigne. Mon aïeul ne va pas en profiter longtemps, il est mort à Boucau le 2/6/1914. Un autre entrefilet du journal local l'indique ainsi : "Un vétéran qui disparaît".


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