mardi 6 novembre 2018

E comme Ernest


Ernest 
mon grand-père
Ernest est né à Pouillon, ferme de Lanusse le 12/8/1877, à six heures du soir, il est l'enfant tardif de Vincent Evariste CAZAUX et d'Antoinette DUFAU. Son père est propriétaire cultivateur et possède des terres à Pouillon et à Misson, petite commune limitrophe. Tardif, car le mariage a eu lieu le 19/2/1868, c'est le premier enfant du couple, un second, une fille Marie Dorothée va suivre le 13/8/1878. Je n'ai pas de renseignements sur la jeunesse d'Ernest (il faut que je cherche) mais à l'occasion de sa visite d'incorporation pour le service militaire on le connait un peu mieux morphologiquement. Il est châtain : cheveux, sourcils et yeux, il a le front couvert, le nez ordinaire, la bouche moyenne, le menton rond et le visage ovale. Il est grand pour son époque : 1mètre 78. Son degré d'instruction du niveau 3 montre qu'il a eu une instruction primaire développée, il a sûrement eu son certificat d'étude.

Il signe certains actes Laurent, car c'est son prénom en famille. En 1894, à l'âge de 17 ans il perd son père Vincent Evariste et la situation financière de la famille n'est guère brillante, toutes les métairies de Misson ont été vendues (voir l'article sur Vincent Evariste) et il va falloir rembourser les dettes. Il est apprenti boulanger à Pouillon. Le 5 juillet 1897 il s'engage, à la mairie de Pouillon, quatre ans pour le 24ème régiment d'artillerie de Tarbes. Ce régiment est en garnison à Tarbes. Il n'y reste pas longtemps et le 18/11/1898 le voilà affecté au 18ème escadron du train à Bordeaux. La caserne Niel à Bordeaux, qui porte le nom du maréchal de France et ministre de la guerre en 1867, abrite l'état-major et les trois compagnies du train des équipages. Le train est l'arme qui organise et coordonne la logistique, le transport (matériel, munitions, ravitaillement) et l'appui au mouvement (notamment la circulation) de l'armée française.
Le 25/1/1900 a lieu, devant maître Dubourg, notaire à Pouillon, le partage des biens issus de la succession de Vincent Evariste CAZAUX. Dans cet acte interviennent : Marie Antoinette DUFAU, veuve de Vincent Evariste, Laurent CAZAUX et Dorothée CAZAUX épouse de Jean MORAS, les deux issus de l'union de Vincent Evariste CAZAUX et de Marie Antoinette DUFAU. Les biens à partager consistent en des propriétés, Lanusse et Darquier, situées à Pouillon. La propriété de Lanusse revient à Dorothée et celle de Darquier à Laurent, à charge par Dorothée de payer une soulte de 1000 francs à son frère Laurent. Dorothée doit également nourrir et entretenir sa mère "tant en santé qu'en maladie". Cette somme va être nécessaire à Laurent pour se payer le cheval nécessaire à sa nouvelle fonction : gendarme à cheval. En effet le 22/10/1900 il est nommé élève gendarme à cheval à la compagnie de Gironde. Il est affecté à la brigade de Captieux (33). Le 17/9/1901 il y épouse Marie Louise (Adolphine en famille) DUPUY, fille de Bernard Gustave et de Suzanne HOURRES. Il vient de faire 24 ans, elle va en faire 18. Un contrat de mariage réglant les conventions civiles du mariage, a été établi devant maître MESTRE, notaire à Captieux le 12 septembre précédent. 

Le 1/11/1901 Laurent est nommé gendarme dans la compagnie des Landes, il est affecté à la brigade d'Amou, un chef-lieu de canton de Chalosse, ce pays qu'il connait si bien, il n'est pas loin de Pouillon.
Le 31/3/1903, c'est la naissance d'André Louis CAZAUX, le premier enfant du couple. Tout le monde l'appellera Robert. De cette période de sa vie je possède une photo de lui sur son cheval devant le château d'Amou et une autre avec Adolphine et Robert.
En 1905 ou 1906 Laurent est muté à la brigade de Saint Martin de Seignanx (Landes) c'est là que va naître son second fils Marceau Georges CAZAUX le 17/4/1906. Le 2/3/1907 il démissionne de la gendarmerie, décision grave, car il a deux enfants à charge, mais le métier ne devait pas beaucoup lui plaire il totalise (avec la durée de son service militaire) 9 ans, 8 mois et 11 jours de services. Il retrouve très vite un emploi, à l'octroi de Bayonne le 16/3/1907. Je lui connais deux adresses dans la région bayonnaise 26 rue Maubec et à partir du 9/8/1907 à Biarritz au quartier La Négresse, chez Laborde. Ses beaux-parents vivaient-ils déjà à Boucau (4 km de Bayonne) ? Je n'ai pour le moment aucun moyen de le vérifier.
Le 1/4/1908, il est nommé facteur rural à Accous (64) dans la vallée d'Aspe. Il s'agit d'un emploi réservé auquel pouvait prétendre les anciens militaires. Il va gagner 800 francs par an, il s'agit d'un traitement similaire à celui de gendarme avec la différence que le gendarme était logé dans la caserne gratuitement.
Il part pour Accous comme facteur rural. Accous est un chef-lieu de canton des Pyrénées Atlantiques (Basses-Pyrénées à cette époque), la tournée est immense car le village comprend de nombreux hameaux disséminés dans la montagne, la tournée est donc extrêmement fatigante.
Le 31/1/1909 un troisième fils nait : Jean Bernard CAZAUX. Laurent n'est pas mobilisé pour la Grande Guerre car il est facteur, il est un "affecté spécial". La vie de facteur rural est très dure physiquement. Il va faire intervenir un homme politique influant de l’époque, Louis BARTHOU, pour essayer de se faire muter dans une ville, Pau ou Bayonne. Mais même avec cette recommandation la direction départementale des Postes reste inflexible il restera à Accous.
Début 1924, Adolphine qui a 40 ans, est enceinte d'un quatrième enfant dans une lettre adressée à son fils aîné Robert elle évoque la dureté du travail de Laurent : " Quant à papa le pauvre homme il a besoin d'être fort pour supporter les fatigues qu'il endure depuis si longtemps, il arrive tous les soirs, mouillé jusqu'à la peau. On dit qu'après un temps il en arrive un autre ce serait bien à désirer". L'accouchement a lieu le 16/1/1924 à 16 heures, un petit garçon Gustave est né. Malheureusement deux heures plus tard Adolphine décède d'une hémorragie. Laurent se retrouve tout seul avec un nourrisson et trois grands enfants. La charge est très lourde pour lui. Il confie, le petit Claude, c'est ainsi que sera prénommé Gustave en famille, à sa belle-mère Suzanne DUPUY, qui habite Boucau.
Un an après le chagrin est encore immense, pour preuve la lettre qu'il écrit à son neveu Robert Lartigue le 9/1/1925
"… L'année précédente a été malheureuse pour nous, surtout pour moi en perdant la compagne de ma vie, ma pauvre Adolphine chérie, que j'aimais le plus de tout au monde et que je ne reverrai plus … Du Boucau j'ai de bonnes nouvelles, tous vont bien et le petit polisson de Claude commence à marcher seul…"

Le 1/3/1937 il prend sa retraite de facteur il cumule 29 ans 4 mois et 1 jour de facteur et 9 ans 8 mois et 11 jours de services militaires. Sa pension annuelle sera de 8925 francs, soit 743 francs par mois. 
Il va rester à Accous jusqu'à la fin de sa vie. Au mois d'août 1946, malade, il est accueilli par son fils aîné Robert, qui va essayer de le soigner. Mais c'est trop tard, le corps est usé par tant de fatigue. Il meurt d'un cancer de la gorge le 3/9/1946.


3 commentaires:

  1. Passionnant , on arrive à s'imaginer à travers cet article la vie d'Ernest Laurent CAZAUX qui ne lui a pas fait de cadeaux ça va sans dire ... Bravo pour ce bel hommage paternel.

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  2. Très beau fil de vie d'un proche, tout comme celui d'Adolphine empreint de tendresse.

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  3. J'aime beaucoup ce genre de rendu généalogique, cet homme devient un peu un membre de la famille du lecteur

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