Ernest
mon grand-père
Ernest est né à Pouillon, ferme de
Lanusse le 12/8/1877, à six heures du soir, il est l'enfant tardif de Vincent
Evariste CAZAUX et d'Antoinette DUFAU. Son père est propriétaire cultivateur et
possède des terres à Pouillon et à Misson, petite commune limitrophe. Tardif,
car le mariage a eu lieu le 19/2/1868, c'est le premier enfant du couple, un
second, une fille Marie Dorothée va suivre le 13/8/1878. Je n'ai pas de
renseignements sur la jeunesse d'Ernest (il faut que je cherche) mais à
l'occasion de sa visite d'incorporation pour le service militaire on le connait
un peu mieux morphologiquement. Il est châtain : cheveux, sourcils et yeux, il
a le front couvert, le nez ordinaire, la bouche moyenne, le menton rond et le
visage ovale. Il est grand pour son époque : 1mètre 78. Son degré d'instruction
du niveau 3 montre qu'il a eu une instruction primaire développée, il a
sûrement eu son certificat d'étude.
Il signe certains actes Laurent, car
c'est son prénom en famille. En 1894, à l'âge de 17 ans il perd son père
Vincent Evariste et la situation financière de la famille n'est guère
brillante, toutes les métairies de Misson ont été vendues (voir l'article sur
Vincent Evariste) et il va falloir rembourser les dettes. Il est apprenti
boulanger à Pouillon. Le 5 juillet 1897 il s'engage, à la mairie de Pouillon,
quatre ans pour le 24ème régiment d'artillerie de Tarbes. Ce régiment est en
garnison à Tarbes. Il n'y reste pas longtemps et le 18/11/1898 le voilà affecté
au 18ème escadron du train à Bordeaux. La caserne Niel à Bordeaux, qui porte le
nom du maréchal de France et ministre de la guerre en 1867, abrite l'état-major
et les trois compagnies du train des équipages. Le train est l'arme qui
organise et coordonne la logistique, le transport (matériel, munitions,
ravitaillement) et l'appui au mouvement (notamment la circulation) de l'armée
française.
Le 25/1/1900 a lieu, devant maître
Dubourg, notaire à Pouillon, le partage des biens issus de la succession de
Vincent Evariste CAZAUX. Dans cet acte interviennent : Marie Antoinette DUFAU,
veuve de Vincent Evariste, Laurent CAZAUX et Dorothée CAZAUX épouse de Jean
MORAS, les deux issus de l'union de Vincent Evariste CAZAUX et de Marie
Antoinette DUFAU. Les biens à partager consistent en des propriétés, Lanusse et
Darquier, situées à Pouillon. La propriété de Lanusse revient à Dorothée et
celle de Darquier à Laurent, à charge par Dorothée de payer une soulte de 1000
francs à son frère Laurent. Dorothée doit également nourrir et entretenir sa mère
"tant en santé qu'en maladie". Cette somme va être nécessaire à
Laurent pour se payer le cheval nécessaire à sa nouvelle fonction : gendarme à
cheval. En effet le 22/10/1900 il est nommé élève gendarme à cheval à la
compagnie de Gironde. Il est affecté à la brigade de Captieux (33). Le
17/9/1901 il y épouse Marie Louise (Adolphine en famille) DUPUY, fille de
Bernard Gustave et de Suzanne HOURRES. Il vient de faire 24 ans, elle va en
faire 18. Un contrat de mariage réglant les conventions civiles du mariage, a
été établi devant maître MESTRE, notaire à Captieux le 12 septembre
précédent.
Le 1/11/1901 Laurent est nommé
gendarme dans la compagnie des Landes, il est affecté à la brigade d'Amou, un
chef-lieu de canton de Chalosse, ce pays qu'il connait si bien, il n'est pas
loin de Pouillon.
Le 31/3/1903, c'est la naissance d'André Louis CAZAUX, le
premier enfant du couple. Tout le monde l'appellera Robert. De cette période de
sa vie je possède une photo de lui sur son cheval devant le château d'Amou et une
autre avec Adolphine et Robert.
En 1905 ou 1906 Laurent est muté à la
brigade de Saint Martin de Seignanx (Landes) c'est là que va naître son second
fils Marceau Georges CAZAUX le 17/4/1906. Le 2/3/1907 il démissionne de la
gendarmerie, décision grave, car il a deux enfants à charge, mais le métier ne
devait pas beaucoup lui plaire il totalise (avec la durée de son service
militaire) 9 ans, 8 mois et 11 jours de services. Il retrouve très vite un
emploi, à l'octroi de Bayonne le 16/3/1907. Je lui connais deux adresses dans
la région bayonnaise 26 rue Maubec et à partir du 9/8/1907 à Biarritz au
quartier La Négresse, chez Laborde. Ses beaux-parents vivaient-ils déjà à
Boucau (4 km de Bayonne) ? Je n'ai pour le moment aucun moyen de le vérifier.
Le 1/4/1908, il est nommé facteur
rural à Accous (64) dans la vallée d'Aspe. Il s'agit d'un emploi réservé auquel
pouvait prétendre les anciens militaires. Il va gagner 800 francs par an, il
s'agit d'un traitement similaire à celui de gendarme avec la différence que le
gendarme était logé dans la caserne gratuitement.
Il part pour Accous comme facteur
rural. Accous est un chef-lieu de canton des Pyrénées Atlantiques
(Basses-Pyrénées à cette époque), la tournée est immense car le village
comprend de nombreux hameaux disséminés dans la montagne, la tournée est donc
extrêmement fatigante.
Le 31/1/1909 un troisième fils nait :
Jean Bernard CAZAUX. Laurent n'est pas mobilisé pour la Grande Guerre car il
est facteur, il est un "affecté spécial". La vie de facteur rural est
très dure physiquement. Il va faire intervenir un homme politique influant de
l’époque, Louis BARTHOU, pour essayer de se faire muter dans une ville, Pau ou
Bayonne. Mais même avec cette recommandation la direction départementale des
Postes reste inflexible il restera à Accous.
Début 1924, Adolphine qui a 40 ans,
est enceinte d'un quatrième enfant dans une lettre adressée à son fils aîné
Robert elle évoque la dureté du travail de Laurent : " Quant à papa le
pauvre homme il a besoin d'être fort pour supporter les fatigues qu'il endure
depuis si longtemps, il arrive tous les soirs, mouillé jusqu'à la peau. On dit
qu'après un temps il en arrive un autre ce serait bien à désirer".
L'accouchement a lieu le 16/1/1924 à 16 heures, un petit garçon Gustave est né.
Malheureusement deux heures plus tard Adolphine décède d'une hémorragie.
Laurent se retrouve tout seul avec un nourrisson et trois grands enfants. La
charge est très lourde pour lui. Il confie, le petit Claude, c'est ainsi que
sera prénommé Gustave en famille, à sa belle-mère Suzanne DUPUY, qui habite
Boucau.
Un an après le chagrin
est encore immense, pour preuve la lettre qu'il écrit à son neveu Robert
Lartigue le 9/1/1925
"… L'année
précédente a été malheureuse pour nous, surtout pour moi en perdant la compagne
de ma vie, ma pauvre Adolphine chérie, que j'aimais le plus de tout au monde et
que je ne reverrai plus … Du Boucau j'ai de bonnes nouvelles, tous vont bien et
le petit polisson de Claude commence à marcher seul…"
Le 1/3/1937 il prend sa retraite de facteur
il cumule 29 ans 4 mois et 1 jour de facteur et 9 ans 8 mois et 11 jours de
services militaires. Sa pension annuelle sera de 8925 francs, soit 743 francs
par mois.
Il va rester à Accous jusqu'à la fin de sa vie. Au mois d'août 1946,
malade, il est accueilli par son fils aîné Robert, qui va essayer de le
soigner. Mais c'est trop tard, le corps est usé par tant de fatigue. Il meurt
d'un cancer de la gorge le 3/9/1946.
Passionnant , on arrive à s'imaginer à travers cet article la vie d'Ernest Laurent CAZAUX qui ne lui a pas fait de cadeaux ça va sans dire ... Bravo pour ce bel hommage paternel.
RépondreSupprimerTrès beau fil de vie d'un proche, tout comme celui d'Adolphine empreint de tendresse.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce genre de rendu généalogique, cet homme devient un peu un membre de la famille du lecteur
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