jeudi 10 mai 2018

Le portefeuille de mon grand-père


J’ai la chance d’avoir retrouvé le portefeuille de mon grand-père paternel. Il s’agit d’Ernest Jean CAZAUX décédé à Pamiers (09) le 3/9/1946 (je suis né le 4/9/1953).

A l’intérieur : sa pièce d’identité et d’autres documents qui sur le moment m’ont paru peu importants. Il y avait là des factures de médicaments, des tickets d’alimentation de 1945, un bon de participation de 20 francs à l’œuvre du COSOR (Comité des œuvres sociales de la Résistance), un récépissé de mandat postal et des pièces de 10 centimes.
Ernest vers la fin de sa vie
Mon grand-père après avoir été gendarme à cheval jusqu’en 1907, est devenu facteur rural à Accous (64) dans la vallée d’Aspe. 

Je me suis donc intéressé aux différents papiers :

Les factures des médicaments

Il s’agit d’une lettre datée du 9/7/1945, elle émane des laboratoires du Docteur DUPEYROUX et indique que la commande qu’il a faite va lui être envoyée.

Et ensuite deux factures concernant les produits envoyés datées du 12/7/1945.
Je sais que mon grand-père est mort d’un cancer des poumons. Pour se soigner il avait fait appel aux produits du docteur DUPEYROUX. D’après les documents l’adresse du laboratoire est 5, rue du docteur Lancereaux Paris 8ème arrondissement.


François DUPEYROUX est né à Fransèches (Creuse) le 26/9/1869, il est le fils de Frédéric et de Marie Zélie VALLADON, d’abord pharmacien il inventa des produits qui lui procurèrent une certaine aisance. A 36 ans il reprit des études et fut reçu docteur en médecine. Un de ses produits phare est le fameux élixir dont la publicité inonda tous les journaux français. On en trouve trace dans « le Petit Ardennais » en 1905 ainsi que dans des journaux du sud comme « L’Express du Midi ».
Cet élixir à base de créosote de hêtre avait des vertus cicatrisantes sur les lésions pulmonaires.
Le docteur DUPEYROUX vendait beaucoup d’autres produits « miracles » entre autres ses fameuses pilules digestives. A cet effet il acheta en 1908 à Créteil un important domaine qu’il occupera jusqu’en 1958. La ville de Créteil a depuis racheté ce domaine qu’elle a transformé en jardin d’agrément de plus de 3 hectares : Le Parc Dupeyroux.
L’adresse fournie pour acheter l’élixir est 5 rue du Docteur Lancereaux à Paris. L’immeuble existe toujours au cœur de la plaine Monceau, dans le huitième arrondissement. La construction de cet immeuble haussmannien est attribuée à Charles Garnier (le bâtisseur de l’Opéra). La façade de la maison est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1985. La demeure avait été acquise par le docteur DUPEYROUX en 1906.
François DUPEYROUX est décédé le 22/7/1930, sa veuve, Elisabeth MAITRE, a continué à s’occuper de la société. C’est elle qui signe la lettre envoyée à mon grand-père en 1946.
J’ai retrouvé sur internet une photo du flacon ayant contenu l’élixir. Il faut savoir que ce flacon était consigné 5 francs. 


Voici la copie du bon de consigne retrouvé dans le portefeuille.

Le bon de soutien

A l’intérieur du portefeuille se trouvait également un bon de soutien à l’œuvre du COSOR. Ce bon était de 20 francs.

Le COSOR c’est le Comité des Œuvres Sociales de la Résistance. Le comité prit naissance dans la clandestinité avec la répression allemande. Dès 1941, les mouvements de la résistance organisent des services d’entraide, chargés de secourir les victimes et leur famille. Il prit le nom de COSOR en 1943 à Londres et fut officialisé par le Général de Gaulle en 1944.

Le récépissé de mandat

Mon grand-père avait envoyé un mandat de 500 francs le 29/12/1945, son récépissé se trouvait dans le portefeuille. A mon avis, c’est de l’argent qui a été envoyé à son fils Jean CAZAUX, pour l’aider à subvenir aux besoins de la famille (il avait quatre enfants de 9, 8, 5 et 4 ans).

Cela représentait une somme très importante pour lui qui était retraité des Postes. D’après mes calculs, il pouvait avoir une pension annuelle de 8000 francs, ce qui lui laisse un revenu mensuel de 666 francs, donc verser cette somme a dû être un grand sacrifice pour lui. Mais a-t-il versé cette somme à son fils ? Malheureusement le nom du bénéficiaire n’est pas indiqué. J’espère que la lecture de son dossier de pension va m’éclairer davantage, car pour le moment je me perds en conjectures.

Une planche de ticket de rationnement

Il s’agit de tickets de pain. Le rationnement créé dès le début de la guerre sera maintenu jusqu’en 1949.

Deux pièces de 10 centimes

Il s’agit de deux pièces de 10 centimes l’une est de 1923 et l’autre de 1936
Les gravures des pièces ont été faites par le graveur Edmond Emile LINDAUER (1869-1942) Sculpteur et médailleur, il fabriquait lui-même les outillages de ses médailles.
La pièce de 1923 a été gravé dans l’atelier de Poissy comme des milliers d’autre par l’atelier monétaire de la société de la monnaie de Poissy, seule entreprise privé autorisée à frapper monnaie pour le compte de l’état. Cet atelier ne fonctionna que cinq ans.



N’ayant pas connu ce grand-père j’étais en recherche de documents. J’ai été gâté par ceux-là, concernant la fin de sa vie. Je suis maintenant en quête de détails concernant sa vie de gendarme et de facteur rural à Accous. Un prochain rendez-vous généalogique s’impose. Entre temps il faut que je finisse l’historique de ma maison natale.

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